L'élection étant passée, la politique a donc repris ses droits, au grand dam des "marcheurs" qui commencent, pour certains, à se dire qu'ils se sont quelque peu faits rouler dans la farine par leur gourou.
Mais avant de regarder cela, intéressons nous aux tensions qui ajoutent le FN.
Tensions ? Oui, parce que pas mal de cadres du parti d'extrême droite estiment, à raison, que la campagne du 2e tour a été incroyablement mauvaise. On peut d'ailleurs se poser de vraies questions sur la stratégie de Marine Le Pen qui savait très bien qu'elle serait au 2e tour mais qui l'a abordé avec un amateurisme sidérant. Outre le débat dont l'agressivité n'avait strictement aucun intérêt, sinon conforter dans l'opinion de ses adversaires l'image d'une femme sectaire, contradictoire et pas franchement au point sur ses sujets, on a pu être surpris par la succession d'erreurs comme cette volonté de ne pas céder sur un retour au franc totalement irréaliste. L'interview de Robert Ménard à Sud Radio explique très bien ceci.
Du coup, alors que les premiers sondages réalisés le soir du premier tour lui donnaient 40-41%, MLP a terminé à 33%, soit 7 à 8 points de moins que prévu. Elle n'a pas réussi à séduire plus que cela l'électorat de droite classique et par la même a offert une victoire plus importante qu'espérée à Macron. Alors oui, elle double le score de son père (10 millions de voix, ce n'est pas rien) mais beaucoup au FN regrette cette mauvaise campagne qui ne les place pas en position de force pour les législatives. Et le retrait (provisoire ?) de Marion Le Pen n'arrangera pas les choses, le parti perdant une de ses icônes.
De ce fait, la "recomposition" de la droite risque de ne pas vraiment aboutir sauf si certains membres dles Républicains ET du FN, plus pragmatiques et sourds aux cris de vierges effarouchées qui ne manqueront pas, s'entendent sur un programme commun de droite, écartant de chaque côté les mous style Juppé et les extrêmes (le clan Le Pen). Mais c'est sans doute un voeu pieux.
En attendant, la campagne des législatives a bel et bien commencé. Et force est de constater que la politique a vite repris le dessus. L'épisode Valls, assez rocambolesque, a montré que les vieilles habitudes ont la vie dure et qu'on n'opposant pas de candidat face à l'ancien premier ministre, En Marche récompensait (un peu) ceux qui ont trahi leur camp pour faire élire Macron.
On a eu aussi droit à la "colère" de Bayrou ! Il est vrai qu'il s'était bien fait mettre en 2012 quand, après avoir appelé à voter Hollande, il avait vu le PS balancer dans les pattes des candidats Modem tout un tas de parlementaires socialistes, y compris dans son propre fief. Là, le traitre a réussi à obtenir ce qu'il avait sans aucun doute exigé pour le prix de son ralliement au candidat des "forces de l'argent" (Bayrou, septembre 2016) à savoir bien plus que les 40 circonscriptions promises au départ. Reste à voir si les électeurs vont suivre des opportunistes prêts à balancer leurs engagements pour faire de la politique "autrement".
A Lyon, ce sont les "marcheurs" qui l'ont mauvaise vu que les 4 candidats de République en marche sont de vieux routards socialistes, proche de Collomb. Du coup, ceux qui ont soutenu Macron depuis le début ont l'impression de s'être fait flouer ! Bienvenue dans le monde réel, les gars, un monde où les combats législatifs se gagnent avec de l'expérience et pas forcément du renouvellement . Je ne cautionne pas, j'énonce juste un fait !
On a aussi droit à l'annonce puis au retrait de la candidature du conseiller en communication de Hollande ! Déjà, le scoop était de savoir que Flamby 1er avait un conseiller ! Soit il ne l'écoutait pas si le dit-conseiller était particulièrement mauvais, mais passons. En attendant, les supporters de Macron ont du sacrément rétro-pédaler pour expliquer ce couac. Car si le conseiller explique qu'il n'avait pas sollicité d'investiture (à l'insu de son plein gré donc), la réalité est plus basique : sur le terrain , personne en voulait d'un mec parachuté.
Le PS fait aussi la gueule : 80 élus ont sollicité la marque "République en marche" et 24 ont été retenus. Ceux-là n'ont à craindre que la droite. Les autres qui avaient pourtant rejoint le train plus ou moins en marche savent que pour sauver leur peau, ils devront faire face à plus de candidats que prévu...
Alors que les tractations ne font que commencer, on s'aperçoit qu'il y a un certain nombres de vieux chevaux de la politique, de droite comme de gauche, dans le "renouvellement". Bref, les futurs dindons et déçus vont vite émerger.
Cela dit, si cela peut empêcher Macron d'avoir une majorité... On verra si son "ouverture d'esprit" (à laquelle je ne crois pas trop) lui permettra de gouverner avec ses "ennemis".