C'est un fait : Emmanuel Macron rêvait sans doute d'une visite plus réussie, une visite où il aurait convaincu Donald Trump de revenir sur sa volonté de ne pas ratifier l'accord climat et de ne pas envoyer balader l'accord sur le nucléaire iranien.
Or, ce n'est pas à un vieux sage que l'on apprend à faire la grimace. Et si Trump est finalement un néophyte en politique, à la différence de Macron qui est dans les coulisses du pouvoir depuis plus longtemps, il sait parfaitement tirer les ficelles d'une bonne communication.
En se plaçant d'emblée comme le "paternel" , à coup de petits gestes rigolos comme épousseter le costume du "petit" ou le prendre par la main, Trump a surtout voulu montrer qu'il n'entendait pas se faire dicter quelque chose par son homologue français.
Et si la visite a été plus commentée en Amérique qu'on a voulu nous le dire - c'est loin d'être un non-évènement là bas - , il est évident que ce n'était pas non plus la priorité absolue du locataire de la Maison Blanche. Trump a reçu Macron comme un hôte doit recevoir un invité, mais il n'était pas question pour lui que l'invité s'essuie les crampons sur les rideaux.
Humilié Macron ? non, pas du tout. Juste remis à sa place. Car du point de vue de l'Amérique, la France n'est pas une priorité. C'est une petite partie de l'Europe et l'Europe ne compte plus trop non plus. En refusant tout net de suivre Macron sur le climat ou l'Iran, Trump adresse aussi un message à son pays : je ne suis pas de ceux qui se laissent influencer par l'extérieur. Les détracteurs pourront trouver cela ridicule, mais sachez que les adversaires de Trump, qui se sont découvert un amour pour la France l'auraient fait de même si Staline serait venu à Washington. Quand on est en "guerre" en politique, n'importe qui peut faire figure d'allié.
Alors pourquoi cette visite est importante ?
Peut-être parce que Macron va comprendre que tenir une promesse de campagne fait énormément de bien pour une future ré-élection. Qu'un discours qui s'adresse surtout à son électorat et non au camp d'en face, qui ne votera de toutes façons par pour vous, est bien plus important que dire tout et son contraire pour plaire à tout le monde.
Il est évident que, passée l'euphorie de l'élection, le président a été rattrapé par la réalité, à savoir un pays qui refuse toute réforme, champion du monde de la grève et gangréné par la gauche.
S'il regarde ce que fait Trump, il comprendra qu'un minimum de fermeté est la clé pour diriger un pays. Et cette fermeté , on ne la voit pas trop quand le Premier Ministre cède aux syndicats de la SCNF qui ne veulent négocier qu'avec lui et non avec la ministre des transports.
On ne la voit pas non plus quand l'évacuation de NDDL prend autant de temps.
On ne la voit guère quand l'état ne dénonce pas cette tentative puérile de manipulation de l'UNEF à coup d'étudiants dans le coma, mensonge que même Libération ou Le nouvel observateur ont mis en avant.
Oui, la visite est importante : elle peut faire comprendre à Macron que, s'il veut devenir un président crédible , il doit être crédible dans son pays et choisir un camp.
Il est de plus en plus compliqué de trouver des gens qui ont voté Macron l'an dernier. En Amérique, les gens qui ont voté Trump ne se cachent pas. Elle est sans doute là la principale leçon que devrait retenir notre président.