
Cette fois, Ben Laden s’en prend au Pape. Il vient d’accuser Benoît XVI de "jouer un rôle important" dans "une nouvelle croisade". Le chef d’al-Qaida prévient aussi les Européens: "S’il n’y a pas de contrôle de votre liberté de parole, alors soyez prêts dans vos cœurs à la liberté de nos actes." Menaces sérieuses, même si le terrorisme a été plutôt contenu jusqu’à présent. Mais l’attention ne doit pas être dis traite de l’autre djihad, plus subtil, qui cherche à subvertir l’Occident conciliant.
Tant mieux si la silhouette d’Antéchrist de Ben Laden n’impressionne pas le Souverain Pontife. Sa réponse au défi a été de baptiser, dimanche, le journaliste italien et musulman Magdi Allam. Celui-ci explique: "J’ai dû prendre acte que, au-delà du phénomène des extrémismes et du terro risme islamique, la racine du mal est inhérente à l’islam, qui est physiologiquement violent et historiquement conflictuel". Al-Qaida appréciera.
La résistance est d’abord celle de l’esprit, et le Pape en fait la démonstration en bravant la loi islamique (charia), qui interdit l’apostasie. Mais le pacifisme a ses limites. Aussi est-il heureux que Nicolas Sarkozy ait confirmé, mercredi à Londres, son intention de renforcer de 1000 hommes le contingent (1500 soldats) enAfghanistan. "Il se joue ici une guerre contre le terrorisme, contre le fanatisme que nous ne pouvons pas et ne devons pas perdre", avait-il déclaré en décembre, à Kaboul. En avril 2007, il parlait encore de retrait.
Ce revirement symbolise la volonté de la France de protéger sa civilisation. Ce choix serait plus lisible encore si le président accédait à la demande d’Ayaan Hirsi Ali, lâchée par l’Europe alors qu’elle est la cible d’une fatwa: "J’ai besoin de votre aide maintenant. Je serais honorée d’avoir la possibilité de devenir française", avait-elle lancé à Paris, en février, en présence de Rama Yade, secrétaire d’État chargée des Droits de l’homme. Depuis, silence.
La vigilance face aux rodomontades d’al-Qaida ne peut faire oublier les autres tentatives non violentes d’islamisation. La Charte pour les musulmans d’Europe, par exemple, adoptée en janvier par les organisations islamiques, entend affirmer la présence de l’islam partout dans la société. Alors que cette religion sera sans doute majoritaire à Bruxelles dans vingt ans (nos éditions du 21 mars), rien n’empêchera ce texte, qui fait référence au djihad, de s’y appliquer. Se réveiller, non?
Ceux qui accusent Nicolas Sarkozy de vouloir remettre en cause la laïcité, au prétexte d’avoir évoqué l’héritage chrétien de la France, se font généralement discrets dès qu’il s’agit de protester contre ces intimidations qui réclament la pénalisation du blasphème et la prohibition de toute cri tique du Coran. Soulever les incompatibilités entre la charia et la démocratie vaut, au pays de Voltaire et de la libre expression, d’être étiqueté raciste, xéno phobe, extrémiste, y compris par la pensée molle. S’inquiéter du sort des chrétiens d’Orient est vu comme une incongruité.
Dans ce contexte, le député néerlandais Geert Wilders, qui voit dans le Coran "un livre fasciste", est déjà condamné par les faiseurs d’opinion. Or personne n’a encore vu son film, annoncé sur l’Internet pour ces jours-ci. Les accusations de Wilders, présenté comme un populiste d’extrême droite, ressemblent à celles que porte son ancienne collègue au Parti libéral, Ayaan Hirsi Ali, quand elle déclare: "Il y a des graines de fascisme dans l’islam". L’écrivain algérien Boualem Sansal le dit autrement: "La frontière entre islamisme et nazisme est mince". A la condition que Wilders n’accuse pas sottement l’ensemble des musulmans, sa critique doit être permise.