19 juin 2008
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L’idée d’Europe est en panne, voire morte. J’avais écrit l’an dernier « 50 ans d’Europe, pourquoi faire ? » . La France a refusé la Communauté Européenne de Défense, elle a rejeté la constitution, mais elle a laissé les technocrates prendre le pouvoir.
L’Irlande a bien profité de l’Europe : 60 milliards d’euros de subventions l’ont fait sortir de la pauvreté et l’ont propulsé dans le club des pays riches, ceux dont la croissance fait la nique à tous ceux qui se battent pour gagner demi-point.
Mais l’ingratitude est humaine, le nationalisme revient en force et l’Irlande dit non.
Non à quoi ? À une Europe technocratique et sans âme. Peut-être. À une Europe fédérale ? En aucun cas puisque personne n’en veut. À une Europe qui parlerait d’une seule voix ? Non plus puisque personne ne veut abandonner une parcelle de pouvoir pour le bien d’un intérêt commun.
On l’oublie mais la création de la CECA visait à empécher une guerre entre l’Allemagne et la France, même si la RFA des années 50 n’avait pas d’armée. Dès le départ, on est parti sur une base erronée, on a oublié de parler de l’Europe aux peuples qui en ont fait le bouc émissaire idéal (après les USA bien sûr).
Pourtant si le choc pétrolier que nous subissons est moindre, c’est bien grâce à l’Euro, si l’agriculture française est encore vivante, c’est grâce à la CEE. Si nous pouvons voyager de Lisbonne à Oslo , en passant par Vienne ou Varsovie, c’est grâce à l’Europe. J’ai connu une époque où passer une frontière était une épreuve, traverser un rideau de fer, un exploit. Je le sais, je l’ai fait !!
Le non l’emporte. Très bien. Et que propose-t-on ? Revenir à la situation de 1957, reprendre nos billes, tenter de jouer peso contre un milliard d’indiens, un milliard de chinois. Quelles sont les solutions de ceux qui se réjouissent du non irlandais car il va mettre en difficulté Sarkozy. Rien de tel qu’une bonne crise institutionnelle pour déstabiliser le président français qui avait commencé son mandat en arrachant le traité. La presse (celle qui est tenue par Sarkozy – rires) peut se réjouir : pendant que son lectorat décline, l’Europe meurt et les dragons asiatiques se frottent les mains.
Que soient maudits les fils de Louis le Pieux qui en 843 à Verdun ont détruit l’Empire Carolingien. Ils nous ont plongé dans 1100 ans de guerre.
L’idée européenne est dans les limbes, elle gît en morceaux et les nonistes dansent sur son cadavre. Mais tel le gosse capricieux qui casse ses jouets, il n’a rien pour la remplacer.