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En d’autres termes, il s’agissait d’un public situé beaucoup plus à gauche que la moyenne américaine, et donc a priori beaucoup plus favorable à Obama. S’il y a un enseignement à tirer de ce sondage, c’est que 11 % de téléspectateurs qui ne se définissaient pas comme républicains ont préféré McCain.
D’autres sondages à vif (en américain, on les appelle des straw polls,des “sondages de paille”, ce qui les relativise sans que leur légitimité, en tant qu’instruments d’information, soit remise en question) donnent nettement l’avantage au sénateur de l’Arizona. C’est évidemment le cas du sondage réalisé pour Drudge Report, un site Internet conservateur dont la plupart des visiteurs sont eux-mêmes conservateurs,qui donne 75 % d’opinions favorables à McCain, contre 25 % à Obama.Mais le sondage effectué pour AOL.com,un site tous publics, confirme cette tendance : il attribue 63 % d’opinions favorables à McCain, contre 37 % à Obama.
Les commentateurs sont d’accord sur un point : c’était un débat d’une rare qualité, qui a fait honneur à la démocratie américaine. Les deux candidats ont fait preuve, l’un envers l’autre, de courtoisie, et même de camaraderie. Ils se sont donné l’accolade. Ils se sont appelés par leur prénom. Ils n’ont usé que d’arguments rationnels, raisonnés, raisonnables. Ils ont fait passer l’intérêt national avant les intérêts partisans. Exactement ce que l’Amérique attendait d’eux dans un contexte de crise majeure (la crise financière actuelle est l’équivalent, dans l’esprit de l’opinion publique, du krach de 1929). Sur ce plan,Obama l’a peut-être emporté d’une courte tête : Byron York,du magazine conservateur National Review, note que le jeune sénateur de l’Illinois a adopté une attitude « déférente » envers son vieil adversaire, et qu’il répétait sans cesse que ce dernier « avait absolument raison ». Nature profonde d’Obama, qui a toujours joué au nice guy, au “gentil garçon” ? Calcul, qui peut rapporter gros ? Difficile de trancher.
Mais il y a eu aussi des moments cruciaux, où les deux hommes se sont nettement opposés. Et là, McCain semble avoir dominé. On attendait le candidat républicain sur l’économie. Le naufrage d’un certain capitalisme n’était-il pas aussi celui du parti républicain, et le sien ? Les jours précédents, il avait, de façon assez spectaculaire, suspendu sa campagne pour faire son travail de sénateur, c’est-àdire convaincre l’aile droite républicaine, au Congrès, de soutenir le plan de sauvetage de l’économie mis en place par George Bush. Il croyait y être parvenu, mais ce plan, qui implique une intervention momentanée mais importante de l’État, n’était toujours pas ratifié en début de semaine.