13 mai 2007
7
13
/05
/mai
/2007
08:56
Inutile de se leurrer : la chute massive de fréquentation des bibliothèques, la baisse importante du savoir culturel des enfants, le dédain à l'égard de la culture générale nous entraînent dans une impasse extrêmement grave.
Lorsque les royautés barbares prirent le relais de l'Empire Romain en Occident , à la fin du Veme siècle, la culture classique disparut très rapidement : le grec ne fut plus appris, le latin s'abâtardit, les écoles fermèrent les unes après les autres, l'élite mérovingienne renonça à la lecture... Si l'on en croit Robert Folz (le couronnement impérial de Charlemagne) qui utilise le terme de "renaissance carolingienne", la chute de la culture dans l'espace franc entraîna une baisse de la connaissance et certains grands auteurs comme St Augustin n'était plus du tout lu. Les rares textes que nous avons sur cette période comme ceux de Grégoire de Tours montrent , au delà des péripéties de la royauté mérovingienne, une langue et un style qui s'appauvrit.
Il fallut donc la révolution conservatrice de Charlemagne pour que la culture revienne au premier plan : le roi des Francs et des Lombards puis l'Empereur exigea de la noblesse et du clergé un minimum de culture, les écoles refleurirent dans l'Empire, les arts et la calligraphie revinrent au premier plan, le tout accompagné d'une reprise en main des cadres de la société via l'institution des Missi Dominici . C'est ainsi que l'on peut parler de renaissance carolingienne au IXe siècle avec en prime d'importantes réformes de fond : adoption de la lettre dite caroline (quasiment notre minuscule d'imprimerie) beaucoup plus lisible , mise en place des chiffres arabes (plus pratique pour l'arithmétique), réforme monétaire claire... Avec ses outils, l'écrit revint à la premiere place et l'Empereur Louis le Pieux, successeur de Charlemagne , fut à l'origine de plusieurs centaines d'édits, de diplômes... L'Empire Carolingien redevint une patrie de lettrés , même si ce profond mouvement ne touchait que la noblesse et le clergé.
Nous vivons à la fin de l'époque mérovingienne : la culture générale est devenue le parent pauvre de l'éducation. Désormais, les enfants ne sont plus encouragés à lire, le plus souvent par des parents à qui l'école n'a pas su faire aimer la lecture. L'esprit de 68 a ringardisé le texte, l'a remplacé par la dictature de l'image et de l'éphémère. L'école ne s'occupe plus de transmettre un savoir mais veut former des "citoyens". Or un citoyen sans culture n'est qu'un demi-citoyen, prêt à gober n'importe quel discours , n'importe quelle contre-vérité. Désormais, ceux qui brillent sont ceux qui étalent leur inculture. N'a t-on pas vu des animateurs télés et certains "peoples" se vanter de ne jamais lire , ne pas s'intéresser au monde qui les entoure ?
Jamais notre pays, depuis la création des écoles publiques par les lois Ferry de 1881-83 n'a connu un tel mépris pour la chose écrite et pour le savoir. L'éducation nationale fait faire de l'anglais aux enfants, de l'informatique, de la "citoyenneté" mais elle a mis sous le boiseau la culture générale : les programmes d'histoire sont simplifiés au maximum et passés à la moulinette du politiquement correct, les "leçons de choses" ont disparu et depuis 1989, le maître (ou la maîtresse) n'est plus celui qui donne le savoir mais un espèce d'animateur qui gravite autour de l'élève "construisant ses savoirs" !! Merci Jospin !!
Parlez de culture générale et on vous regardera comme un débile profond. Connaître notre histoire , savoir classer des animaux, se repérer sur carte... tout cela ne sert à rien , me dit-on puisque tout est sur internet !!
Savoir éphémère que celui disponible sur Internet. Avec Wikipédia, n'importe qui peut écrire sur n'importe quel sujet. Mais pas forcément la vérité !! Le savoir antique, celui qui mettait le lettré au dessus de la société et qui lui permettait de s'élever au dessus de la médiocrité disparaît . L'enfant qui va au collège sait peut être envoyer un email ou anoner quatre mots d'anglais mais il ne maîtrise pas forcément la lecture !!
Or lire permet d'entrer dans un monde contradictoire : au lieu de voir son esprit formaté par une seule source d'information , la lecture permet de confronter des idées. Que n'ai-je entendu , lors de la campagne récente, des gens justifier leur vote non pas par la lecture du programme mais par la bonne bouille du ou de la candidate. Le syndrome star-ac !! 1 , Votez Nicolas, 2 - Votez Ségolène.
Réac , mon opinion ? Sans doute !! Et alors ? Me battant tous les jours pour que les enfants de mes classe puissent accéder à un minimum de culture générale, je me vois dans l'obligation désormais de convaincre également les parents du bien fondé de ma démarche.
Oui, un enfant doit connaître De Vinci, Michel Ange, Van Gogh !! Oui, un enfant doit être capable de localiser tous les pays d'Europe sur une carte , ainsi que sa ville, sa région. Oui un enfant doit connaître Clovis, Charlemagne, Hugues Capet, Urbain II, Saladin, Soliman, il doit tout savoir de la crise qui amena la guerre de trente ans, il doit connaître pourquoi la France se lança dans la colonisation, comprendre ce que fut la conquête romaine.
Il doit avoir lu La Fontaine, Molière, Daudet, Pagnol. Il doit avoir vu Le Dictateur ou Le peuple Migrateur. Il doit avoir entendu Eine Kleine Nacht Muzik ou l'hymne à la joie, les 4 saisons ou le Boléro de Ravel. Il doit savoir qui présida son pays avant Chirac ou Sarkozy !!
Sans culture , on n'est rien d'autre qu'une coquille vide que les extrêmes sauront remplir.
Lorsque les royautés barbares prirent le relais de l'Empire Romain en Occident , à la fin du Veme siècle, la culture classique disparut très rapidement : le grec ne fut plus appris, le latin s'abâtardit, les écoles fermèrent les unes après les autres, l'élite mérovingienne renonça à la lecture... Si l'on en croit Robert Folz (le couronnement impérial de Charlemagne) qui utilise le terme de "renaissance carolingienne", la chute de la culture dans l'espace franc entraîna une baisse de la connaissance et certains grands auteurs comme St Augustin n'était plus du tout lu. Les rares textes que nous avons sur cette période comme ceux de Grégoire de Tours montrent , au delà des péripéties de la royauté mérovingienne, une langue et un style qui s'appauvrit.
Il fallut donc la révolution conservatrice de Charlemagne pour que la culture revienne au premier plan : le roi des Francs et des Lombards puis l'Empereur exigea de la noblesse et du clergé un minimum de culture, les écoles refleurirent dans l'Empire, les arts et la calligraphie revinrent au premier plan, le tout accompagné d'une reprise en main des cadres de la société via l'institution des Missi Dominici . C'est ainsi que l'on peut parler de renaissance carolingienne au IXe siècle avec en prime d'importantes réformes de fond : adoption de la lettre dite caroline (quasiment notre minuscule d'imprimerie) beaucoup plus lisible , mise en place des chiffres arabes (plus pratique pour l'arithmétique), réforme monétaire claire... Avec ses outils, l'écrit revint à la premiere place et l'Empereur Louis le Pieux, successeur de Charlemagne , fut à l'origine de plusieurs centaines d'édits, de diplômes... L'Empire Carolingien redevint une patrie de lettrés , même si ce profond mouvement ne touchait que la noblesse et le clergé.
Nous vivons à la fin de l'époque mérovingienne : la culture générale est devenue le parent pauvre de l'éducation. Désormais, les enfants ne sont plus encouragés à lire, le plus souvent par des parents à qui l'école n'a pas su faire aimer la lecture. L'esprit de 68 a ringardisé le texte, l'a remplacé par la dictature de l'image et de l'éphémère. L'école ne s'occupe plus de transmettre un savoir mais veut former des "citoyens". Or un citoyen sans culture n'est qu'un demi-citoyen, prêt à gober n'importe quel discours , n'importe quelle contre-vérité. Désormais, ceux qui brillent sont ceux qui étalent leur inculture. N'a t-on pas vu des animateurs télés et certains "peoples" se vanter de ne jamais lire , ne pas s'intéresser au monde qui les entoure ?
Jamais notre pays, depuis la création des écoles publiques par les lois Ferry de 1881-83 n'a connu un tel mépris pour la chose écrite et pour le savoir. L'éducation nationale fait faire de l'anglais aux enfants, de l'informatique, de la "citoyenneté" mais elle a mis sous le boiseau la culture générale : les programmes d'histoire sont simplifiés au maximum et passés à la moulinette du politiquement correct, les "leçons de choses" ont disparu et depuis 1989, le maître (ou la maîtresse) n'est plus celui qui donne le savoir mais un espèce d'animateur qui gravite autour de l'élève "construisant ses savoirs" !! Merci Jospin !!
Parlez de culture générale et on vous regardera comme un débile profond. Connaître notre histoire , savoir classer des animaux, se repérer sur carte... tout cela ne sert à rien , me dit-on puisque tout est sur internet !!
Savoir éphémère que celui disponible sur Internet. Avec Wikipédia, n'importe qui peut écrire sur n'importe quel sujet. Mais pas forcément la vérité !! Le savoir antique, celui qui mettait le lettré au dessus de la société et qui lui permettait de s'élever au dessus de la médiocrité disparaît . L'enfant qui va au collège sait peut être envoyer un email ou anoner quatre mots d'anglais mais il ne maîtrise pas forcément la lecture !!
Or lire permet d'entrer dans un monde contradictoire : au lieu de voir son esprit formaté par une seule source d'information , la lecture permet de confronter des idées. Que n'ai-je entendu , lors de la campagne récente, des gens justifier leur vote non pas par la lecture du programme mais par la bonne bouille du ou de la candidate. Le syndrome star-ac !! 1 , Votez Nicolas, 2 - Votez Ségolène.
Réac , mon opinion ? Sans doute !! Et alors ? Me battant tous les jours pour que les enfants de mes classe puissent accéder à un minimum de culture générale, je me vois dans l'obligation désormais de convaincre également les parents du bien fondé de ma démarche.
Oui, un enfant doit connaître De Vinci, Michel Ange, Van Gogh !! Oui, un enfant doit être capable de localiser tous les pays d'Europe sur une carte , ainsi que sa ville, sa région. Oui un enfant doit connaître Clovis, Charlemagne, Hugues Capet, Urbain II, Saladin, Soliman, il doit tout savoir de la crise qui amena la guerre de trente ans, il doit connaître pourquoi la France se lança dans la colonisation, comprendre ce que fut la conquête romaine.
Il doit avoir lu La Fontaine, Molière, Daudet, Pagnol. Il doit avoir vu Le Dictateur ou Le peuple Migrateur. Il doit avoir entendu Eine Kleine Nacht Muzik ou l'hymne à la joie, les 4 saisons ou le Boléro de Ravel. Il doit savoir qui présida son pays avant Chirac ou Sarkozy !!
Sans culture , on n'est rien d'autre qu'une coquille vide que les extrêmes sauront remplir.