Cet après midi, j'ai publié sur le site d'Ivan Rioufol la réponse suivante à un membre du Modem, avec qui j'ai déjà eu quelques échanges musclés. Je le reproduis ici car, au delà de nos divergences, c'est un élu du peuple (il est adjoint au maire dans une grande ville lorraine) et je le respecte en tant que tel, même si j'ai eu des mots parfois durs à son encontre.
Il se reconnaîtra s'il passe par ici. S'il veut répondre, ce serait encore mieux.
Monsieur
Que vous soyez passé de l'UMP au Modem parce que Nicolas Sarkozy aurait opéré une dérive droitière est logique si vous n'appréciez pas la droite .
Mais quand vous dite qu'il n'avait pas reçu de mandat pour cela, je ne vous rejoins pas.
Bien sûr que si qu'il avait reçu mandat puisqu'au premier tour il siphonna largement les voix du FN (le faire passer de 18 a 10%, même Mélanchon n'y arrive pas). C'est d'ailleurs parce qu'il n'y a pas eu de dérive droitière mais ouverture à gauche que Nicolas Sarkozy a perdu rapidement l'appui des voix frontistes (ce qui en dit long sur leur ouverture d'esprit). Je constate aussi que M.Bayrou a largement critiqué l'ouverture, mais passons.
Votre candidat fera peut être 10% voire 12 mais guère plus. Il aurait été plus utile qu'il fasse une campagne à la Mélanchon, à savoir une campagne de premier tour, au centre pour lui (tandis que Mélanchon ratisse à la gauche de la gauche) mais en indiquant clairement vers qui irait sa préférence au second tour. Dans mes souvenirs, quand j'assistais au meeting de Balladur à Paris en 95, Bayrou faisait partie de ses soutiens. Or, Balladur était un candidat bien plus crédible que Chirac, et surtout bien plus à droite. J'avais d'ailleurs été déçu que Bayrou soit le premier à lâcher Balladur avant même de savoir le score du premier tour. Certes, il en a gardé son portefeuille à l'Education Nationale (où il fut d'ailleurs d'une complaisance rare avec les syndicats. Par contre, je lui reconnais le courage de sa circulaire clair sur le foulard islamiste) mais il passa pour un opportuniste de première.
Bayrou sait bien qu'il ne sera pas au second tour. Sa campagne a été ratée. Etonnant d'ailleurs quand on se rappelle de la réussite de 2007. Mais alors qu'il pouvait faire partie de la famille de la droite, il a préféré la jouer "seul contre tous". Résultat, échec aux législatives, européennes, régionales...
Je ne sais pas si Sarkozy lui aurait pardonné les nombreuses insultes du premier tour, son flirt honteux avec Royal (la pire candidate que nous ayons pu voir depuis 25 ans), mais je reste persuadé que, les deux hommes ayant travaillé ensemble sous Balladur, l'accord était possible. Bayrou a refusé.
Pour en revenir à la dérive droitière, pensez vous vraiment que l'ouverture à gauche, le soutien à l'islam de France, le refus de faire de vraies réformes libérales soient une dérive droitière ?
C'est parce que les gens les plus à droite ont été déçus par le recentrage de Sarkozy qu'il risque de perdre l'élection.
En 2004, Bush a été réélu triomphalement, malgré l'Irak, parce qu'il a assumé pleinement sa politique de droite et qu'il a bel et bien dit qu'il ne ferait aucune concession. En 2008, Mc Cain a échoué parce qu'il a refusé l'héritage Bush. Résultat 4 millions d'électeurs républicains ne se sont pas déplacés. On connait la suite : victoire d'Obama et une Amérique qui s'enfonce dans la faiblesse. Dès juin 2009, une majorité d'américains disaient regretter Bush.
Je le redis, je suis quelque peu déçu. J'attendais une vraie politique de droite, décomplexée et assumée ! Mais je ne le suis pas au point de remettre les clefs à Hollande et Mélanchon.
Si Bayrou veut le faire, qu'il le dise clairement !