Eric Zemmour est l'une des rares personnalités médiatiques à refuser le politiquement correct, ce qui lui vaut d'ailleurs régulièrement volée de bois verts, plaintes en tout genre ou stigmatisation par ses paires, devenus subitement très intolérants.
Il n'empêche que le chroniqueur de RTL ou de chez Ruquier a une sacré plume et surtout, une culture historique impressionnante ! Et franchement, dans un monde où l'amnésie est devenue un phénomène de mode, la performance n'est pas anodine.
Mélancolie française est en fait une réflexion sur nos 3 derniers siècles d'histoire à travers une constance : une France qui cherche à devenir un empire mais qui trébuche à chaque fois au dernier moment, victime des autres (Angleterre, Allemagne) et d'elle même (Napoléon, Louis-Phlilippe...). On est vraiment dans une analyse poussée de ce qui a fait notre grandeur passée et nos plus grandes chutes.
Se référant sans cesse à Rome, le mythique centre de l'univers qui, la première, façonna l'Europe, Eric Zemmour calque la France sur l'Empire des Césars, tout en montrant que pour Rome existe, il lui faut une ou plusieurs Carthage. Et c'est ainsi qu'il va revisiter l'histoire, parfois en s'autorisant d'audacieux retours dans le temps et en refusant une certaine pédagogie (Zemmour fait partie des gens qui estiment qu'un Français doit connaître son histoire) et , chemin faisant, la juxtaposer petit à petit sur notre époque.
D'où un ultime chapitre (La chute de Rome) qui a fait couler beaucoup d'encre ! L'auteur ose en effet briser le tabou actuel du politiquement correct sur l'échec de l'intégration à la française et fait parallèle avec la lente agonie romaine. Il emploie à dessein le mot barbare et c'est sans aucun doute ce qui a choqué tous ceux qui sont prêts à s'emballer pour la moindre pétition, tout en se retranchant derrière leur statut, leur argent, leur monde protégé, laissant la petite gens aux prises avec la délinquance, le racket, la misère et la haine.
Tout le livre tend vers ce chapitre : la France a tenté d'être Rome, elle y a parfois réussi de manière temporaire, mais pour Eric Zemmour, c'est surtout dans sa chute et son échec final qu'elle risque d'avoir imité le mieux son grand modèle.
Triste destin en vérité que le chroniqueur nous tend comme un miroir, même pas déformant !! A vous de vous faire votre opinion, mais le constat lucide entamé ne peut qu'effrayer celui qui ose un minimum ouvrir les yeux !