(Albert a écrit plusieurs commentaire sur l'affaire Mitterrand. Je lui ai demandé de les mettre en ordre afin qu'il puisse en faire un article. Même si je ne suis pas d'accord à 100% - le fait que Mitterrand ait finalement condamné le tourisme sexuel excuse un tout petit peu sa faute - , je le publie ici sans en changer une virgule. A vous de commenter)
Mitterrand : le doute subsiste, la démission s’impose.(Par Albert le bâtard)
L'affaire Mitterrand est plus que troublante. Ce soir, suite à la polémique lancée par Marine Le Pen lors de l’émission Mots Croisés du lundi 5 octobre, le ministre de la Culture a pris la parole sur le plateau du journal de 20 heures du TF1.
Qu’a-t-on vu ? Un homme s’accrochant désespérément au pouvoir se défendant par un discours surréaliste. Il affirme qu’en Thaïlande, il n’a eu des relations qu’avec des hommes de son âge. Il a aussi avoué au cours de cette interview avoir participé au tourisme sexuel. Nous sommes bien d’accord sur une chose : sur un marché aux esclaves (sexuels) thaïlandais, on trouve très peu d’hommes et de femmes de l’âge de Mitterrand. Ce sont majoritairement des jeunes, qu’ils soient mineurs ou jeunes adultes. Certes, il doit y avoir des prostituées et des gigolos de 50 ans et plus, mais il est difficile de comprendre alors pourquoi M. Mitterrand s’est rendu en Asie pour profiter de ces ‘paradis pour pervers’. Lui qui écrit aimer la beauté des jeunes corps (ce qui n’implique pas la pédophilie, il faut en convenir : il peut très bien fréquenter des gigolos de 18 ans passés. Moralement, cela resterait répréhensible pour certains, mais pas d’un point de vue légal), pourquoi doit-il faire des milliers de kilomètres pour coucher avec des hommes de son âge, alors qu’il suffit d’ouvrir un journal de petites annonces pour faire n’importe quel type de rencontre en France ? Je ne condamne pas la prostitution. Je ne condamne pas les hommes et les femmes qui y ont eu recours. Mais je condamne ceux qui ont participé au tourisme sexuel : on sait tous qu’il s’agit de prostitué(e)s qui ont été vendu(e)s par leur famille, enlevés, ou bien qu’il s’agit de jeunes drogué(e)s paumé(e)s... Souvent ces personnes n’ont pas le choix : si on peut rencontrer des individus dans des situations analogues en France, il est certain que dans les pays du tiers monde les personnes qui se prostituent n’ont pas eu le choix.
Une autre chose est sidérante : M. Mitterrand ose affirmer que tous ses détracteurs font un amalgame entre homosexualité et pédophilie. Alors certes, pour le FN, la manœuvre est sûrement orientée en ce sens. Mais le problème c’est que les réactions sont venues de toute part : le FN a commencé, mais le PS a suivi, quelques personnes à l’UMP sont également inquiètes. Or le PS et l’UMP ne sont a priori pas des partis homophobes. C’est donc vraiment prendre les Français pour des veaux que de croire qu’ils ne savent pas faire la différence entre pédophilie et homosexualité. La tolérance envers l’homosexualité est nécessaire : l’homophobie est une forme de racisme, et c’est vrai qu’en France, l’homophobie se manifeste tous les jours. Mais on ne reproche pas à M. Mitterrand ses penchants sexuels : il pourrait être zoophile, on en a rien à faire. Cependant la pédophilie est un crime. Et la pédophilie ça ne concerne pas seulement les relations sexuelles entre un adulte et « des petits garçons » ou des « petites filles » : un homme de 30 ans qui a une relation avec une gamine de 14, 15, 16 ans est un pédophile. Or dans son interview, on croirait presque que M. Mitterrand affirme qu’il faut faire la différence selon que l’on soit plus ou moins proche de l’âge de la majorité. La pédophilie est un crime et son ouvrage est à la fois trop glauque et trop vague. Dans son interview, il invoque le fait qu’il y a ce que l’écrivain a écrit et ce que l’homme a fait. Certes, mais on jugera toute la valeur de cet argument au regard de ses autres propos : « Ce n'est ni un roman, ni des Mémoires. J'ai préféré laisser les choses dans le vague. C'est un récit, mais au fond, pour moi, c'est un tract : une manière de raconter une vie qui ressemble à la mienne, mais aussi à celles de beaucoup d'autres gens. » Ce flou ne cause-t-il pas un malaise en vous ?
Car à en croire M. Mitterrand, chaque année, des millions de Français se rendent en Thaïlande comme il a pu le faire à une époque de sa vie pour aller sur les marchés aux esclaves. Et on croit rêver quand il dit « Que vienne me jeter la première pierre celui qui n'a pas commis ce genre d'erreur. Parmi tous les gens qui nous regardent ce soir, quel est celui qui n'aurait pas commis ce genre d'erreur au moins une seule fois ? » Et bien M. Mitterrand, il est clair que vous vous trompez vraiment : non tous les Français n’ont pas recours aux services des prostituées, non tous les Français de 50 ans passés n’écrivent pas des ouvrages qui ne sont ni des fictions, ni des autobiographies (ça l’arrange bien de dire ça) où ils disent qu’ils ne peuvent résister à l’appel des jeunes corps disponibles immédiatement comme dans un Fast Sex ; et non M. Mitterrand, le système mêlant argent et sexe n’est pas celui des Français. Du moins, ce n’est pas celui des personnes ayant une certaine conscience.
Le doute doit bénéficier à l'accusé certes, mais quand on est ministre de la république, et qu'on écrit noir sur blanc aimer les marchés aux esclaves, ce n’est pas pareil que si l’on appartient seulement à la société civile. Sur le site du Monde, on peut trouver les pages qui dérangent : 14 sur les 360 du livre, moins de 10% de l'ouvrage, qui elles ne sont pas tronquées. On peut aisément imaginer la facilité d'instrumentaliser un passage aussi court pour causer du tort à son auteur, i ne faut pas le nier : mais parfois, il ne suffit que d'une phrase, d’un mot pour basculer dans l'inacceptable... En affirmant qu’on ne veut pas démêler ce qui est fictif de ce qui est réel, rester dans le flou, sur un sujet tel que celui-ci, les soupçons sont lourds. Souvenons nous d’Outreau : pour moins que ça, des innocents ont été emprisonnés. M. Mitterrand ne connaitra pas de procès pour cette affaire.
Un homme politique d’envergure, élégant et intelligent, intègre et honnête ne devrait-il pas démissionner ? Certains ont démissionné pour moins que ça, pour des faits qu’ils n’avaient pas commis, mais dont on s’était persuadé qu’ils étaient coupables.