Le tweet maladroit de l'Elysée qui rendait hommage aux justes alors que l'on va commémorer l'armistice de la grande guerre est symptomatique de notre temps. On ne rend plus hommage aux millions de combattants qui ont stoppé l'invasion allemande de 1914, mais quelques soldats de ci de là comme les fusillés de 17. On n'oublie que si fusillés il y a eu en 17, c'est parce que la guerre durait depuis 3 ans ! Que depuis 36 mois, au nom de souffrances inouïes, les soldats contenaient les assauts allemands et se faisaient massacrer dans des contre-offensives absurdes, décidés par des généraux pas vraiment à la hauteur.
La responsabilité de la France dans l'embrasement général ne doit pas faire oublier que ce sont les prétentions allemandes dans le conflit Austro-Serbe, à savoir une neutralité absolue et la remise des places fortes de l'Est de la France, comme Verdun, qui ont précipité la guerre.
L'esprit de revanche soufflait certe en France (à propos de l'Alsace-Lorraine, n'en parlez jamais, y penser toujours), mais la sauvagerie de l'attaque allemande en Belgique et dans le Nord de la France a soudé le pays. On oublie aussi un peu trop vite que les responsables de la gauche se sont retrouvés dans l'Union sacrée sur la tombe de Jaurès, homme politique sincère dans son pacifisme, mais qui ne pouvait pas présager de la barbarie à venir.
Si les Français embarquaient pour le front en hurlant "A Berlin", les Allemands en faisaient de même. "A Paris, à Paris", tel était le cri qui s'élèvaient des poitrines germaniques. Et dès le début de l'offensive, le but était clairement affiché. L'épisode des taxis de la Marne sauva la capitale et dès lors, une fois la course à la mer terminée, le conflit entra dans cette phase encore plus terrible, un enlisement sanglant qui entreprit un travail de sape démoralisant que nous pouvons totalement comprendre.
Mais le souvenir de ces souffrances, de ces mutineries ne doit pas faire oublier que les soldats français, y compris ceux des colonies, se battaient pour que la France ne soit pas encore plus amputée par le Reich.
C'est donc bel et bien toute l'armée des morts présents sur les monuments qu'il fait commémorer aujourd'hui. C'est dans cet esprit que je guiderai les enfants volontaire de notre école dans cette cérémonie, les accompagnant lors de la Marseillaise et lors de la remise des roses sur les tombes des soldats morts au combat.