Le récent cafouillage gouvernemental sur l’avenir de la carte Famille Nombreuse n’est pas seulement la preuve que la famille n’a plus la côte en France, cela a été aussi une belle occasion d’entendre un paquet de conneries dont seul le beauf français a le secret.
Supprimer les tarifs SCNF pour les familles nombreuses permettrait à l’état d’économiser 70 millions d’euros. La belle affaire : supprimer les départements permettrait sans doute d’économiser plusieurs centaines de fois cette somme (mais cela mettrait plein d’hommes politiques au chômage donc on n’y touche pas) sans pour autant léser les familles.
Cette décision montre surtout l’incapacité de certains politiques à réfléchir. Si les Français ne font plus d’enfants, on aura beau lieu de nous sortir des propositions à la Attali d’importer des travailleurs étrangers par milliers. Remarquez, c’est peut-être le but.
Revenons à ces délires franchouillards. En tant qu’heureux papa de 5 enfants (de 3 à 14 ans), j’ai donc appris que je détenais ces merveilleux avantages:
Je ne paye pas d’impôts (hormis bien sûr la TIPP sur mon essence, la TVA sur les biens et services que je consomme, le RDS et la CSG, la taxe foncière, la taxe d’habitation, la taxe d’assainissement d’eau, les ordures ménagères… Bref vous connaissez la litanie).
Je voyage quasi gratuitement (du coup, je ne comprends pas pourquoi je dois raquer 150€ de train pour les plus grands quand ils vont au collège à Nancy). Et comment se fait-il qu’on ait osé me demander de payer mon billet de TGV quand je suis venu récemment visiter le Louvre ? Je me suis bien fait avoir !!
Je me nourris grâce aux allocations familiales. Il est vrai que ces 800 euros par mois permettent d’aider à la dépense de gadgets bien inutiles : cantine des enfants, frais de scolarité divers, nourriture du ménage (bin oui à 7, on mange un peu), essence (et comme vous le savez , un véhicule à 7 places, obligatoire pour nos types de famille ne consomme rien. Ou si peu), vêtements (quoique la famille nombreuse est fourbe : les habits des plus grands peuvent encore aller aux petits), électricité, gaz, assurance… Bref tout ce qu’une famille de 4 paye mais en deux fois plus important. Précisons que j’ai pas d’écrans plats, pas de Canal Sat et que pour les vacances, ma caravane (un beau signe extérieur de richesse) me suffit amplement. Mes amis célibataires me l’envie d’ailleurs quand ils sont en croisière.
Je vis avec l’argent de la collectivité. Mon salaire, je dois sans doute le voler. Il est vrai que j’ai bien la chance qu’on me laisse travailler vu tous les avantages pécuniaires dont me gratifie l’Etat. 800 euros à 7, cela fait 115 euros par personne. Après tout, au Vietnam, on vit pour moins que cela.
Ma femme ne travaille pas car c’est bien connu avec tout le blé qu’on nous donne, une mère de famille nombreuse ne travaille pas. Du coup, je me demande pourquoi la mienne fait 9 gardes dans le mois. Pour le fun, sans doute.
Je fais des enfants pour les allocs. Mais comme je suis courte vue, j’ignore que quand ils auront entre 18 ans et 21 ans, ces allocs iront à d’autres enfants plus jeunes. Pas de bol, un bébé coûte moins cher qu’un étudiant.
Et puis, merde, j’ai choisi d’avoir des gamins, à moi d’assumer. Qu’est ce que c’est que ces familles qui choisissent d’avoir des enfants alors qu’on vous dit que l’avenir est bouché, que ces petites têtes blondes paieront les retraites de ceux qui partiront dans une quinzaine d’années jouir de leur fin de vie ? Des irresponsables qui osent réclamer le droit de voyager moins cher dans le train plutôt que de prendre leur voiture (et polluer plein pot !!) ? Des abrutis qui ignorent que la loi Newirtz n’est pas faite pour les chiens ? Des couillons qui se reproduisent à tire larigot, histoire de creuser les déficits.
Sauf que l’abruti remplit les écoles, donne du travail à quantité de gens, consomment et fait vivre des entreprises entières, remplit les caisses de l’Etat aussi sûrement qu’un fumeur qui a une BMW et surtout prépare les finances sociales futures.
Il y a un truc qui s’appelle solidarité. En gros, ceux qui ont plus redonnent un petit peu à ceux qui ont moins.
Mais la France, pays où chacun tire la couverture à soi, ce gros mot, galvaudé par des années d’assistanat, préfère faire payer les familles nombreuses plutôt que de taper dans le vif et là où ça ferait mal : trop plein de députés, dépenses inutiles et pléthoriques d’un état en faillite, délires migratoires, départements….
Travail, Famille, Patrie disait l’autre. Ce n’est pas parce que cela a servi des cons qu’on doit virer tous les mots les uns après les autres.