François Fillon a estimé que la perte du Sénat était due aux divisions de la droite. Il a entièrement raison et a donc refusé de minimiser cette perte. Car sans des candidatures dissidentes, ce sont 7 sièges qui seraient restés à droite. Et la gauche n'aurait pas eu la majorité.
Car, comme en 2007, quand la phrase de Borloo sur la TVA sociale (pourtant nécessaire, mais passons) a couté 50 sièges à la droite aux législatives, ce n'est pas tout de suite que l'on verra l'impact de cet échec. Il a fallu attendre la première révision de la constitution pour comprendre que ces 50 sièges étaient un énorme manque, quand le Congrès a du voter à la majorité des 2/3. Désormais, avec un Sénat à gauche, on peut dire adieu à l'inscription de la Règle d'Or dans la constitution. Meme si une partie de la gauche a dit qu'elle la voterait en cas de victoire en 2012 !
Expliquer la perte du Sénat par un aspect mécanique (la gauche tient désormais toutes les leviers locaux : villes, régions, départements) est juste mais incomplet. Il y a aussi cette fronde des grands électeurs contre la réforme territoriale qui va limiter leur pouvoir et surtout leur nombre de sièges. On peut d'ailleurs trouver plutot minable cette attitude qui montre une volonté de garder ses avantages. Car en 2014, avec la fusion des conseils généraux et régionaux (pour résumer), il y aura moins de place à prendre. Il y aura aussi une mainmise plus importante des partis politiques sur cette élection. Une fois de plus, le gouvernement n'a pas su expliquer sa réforme, mal aidé il est vrai par des médias toujours aussi partiaux.
Il y a cependant un paradoxe à voir le PS feter sa victoire. Il y a peu le Sénat était pour la gauche une anomalie anti-démocratique. Maintenant qu'il a basculé dans leur camp, c'est devenu une institution respectable. Preuve s'il en est que pour la gauche, une élection n'est démocratique que lorsqu'elle l'a gagne !! On le sait depuis longtemps et le refus de reconnaitre la victoire de 2007 avait sonné comme un aveu : la gauche n'est pas démocratique, elle se veut hégémonique et seules ses valeurs ont droit de cité. On peut aussi se gausser des déclarations de Aubry sur le Figaro qu'elle estime etre devenu un journal satirique ! Là aussi, pour la gauche, un bon journal est un journal copain, pas un journal d'opposition à sa démagogie.
Il ne faut cependant pas minimiser cette perte, elle s'inscrit dans une dynamique pour cette gauche sans programme sérieux mais qui cristalise les frustrations et les rancoeurs des Français. Son plan est simple : surfer sur l'impopularité du Président (on n'est jamais populaire quand on gère une crise), se servir de tous les leviers démagogiques possibles comme, au hasard, accuser Sarkozy des "crimes" qu'aurait pu commettre ses proches (un peu comme si on disait que tout l'entourage de DSK violait des bonnes dans les chambres d'hotel) et surtout promettre des lendemains qui chantent alors que la crise que nous subissons obligera ipso facto à encore plus de rigueurs.
Entendre Royal chez Ruquier évoquer la "corruption" de Sarkozy ou Hollande en faire de meme en parlant de présidence zig-zag montrent bel et bien que la gauche n'aura aucun scrupule à utiliser toute la force de la diffamation ! Une fois de plus, cela tranche avec l'attitude d'un Sarkozy qui a refusé de profiter des déboires du Perv (dont la demande d'utilisation de son immunité diplomatique constitue un flagrant aveu de culpabilité) à des fins électorales.
Car quand la gauche fouille les poubelles et se moque de la présomption d'innocence (pour info, la fille de Thierry Gaubert a démenti les propos de sa mère), Sarkozy libère la Lybie et tente de sauver l'Europe d'une faillite annoncée. C'est peut etre cela que la droite devrait mettre en avant plutot que de se diviser ou de vouloir envoyer cinquante candidats aux Présidentielles.
Car qu'on se le dise, Nicolas Sarkozy n'est sans doute pas le meilleur président de la Ve République, mais un Hollande ou une Aubry aux manettes, c'est la fin annoncée du pays ! Les Américains ont tenté l'aventure avec Obama. Ils en paient le résultat.