Depuis dimanche, les manoeuvres politiques autour du FN sont intéressantes à regarder. Entre ceux qui appellent à un "front Républicain", ceux qui refusent de donner des consignes de vote, ceux qui hésitent à prendre parti et ceux qui fustigent ces "mauvais Français", peu de gens se risquent à poser la vraie question : pourquoi un tel succès ?
J'ai ma petite idée. Elle vaut ce qu'elle vaut, mais elle ne me semble pas inintéressante ! En fait, ce vote n'est qu'un vote défouloir comme on en a à chaque élection intermédiaire dont les Français se tapent comme de l'an 40. Je m'explique.
D'une part, les cantonales, à moins d'être impliqué dans la vie politique locale, personne ne s'y intéresse. Le conseil général, qui sera de toutes façons amené à disparaître d'ici 2014, fusionné avec le conseil régional si je ne m'abuse, est un machin un peu abstrait. Peu de monde sait quels sont ses compétences ou les élus qui nous représentent. C'est dommage car c'est d'ailleurs l'un des seuls lieux où un élu local, sans étiquette (si, si, ça existe) peut avoir quelques chances d'obtenir une majorité de suffrages.
Ceci explique les 55% d'abstention.
D'autre part, les affiches du FN étaient toutes les mêmes : on y voyait la tronche de la grassouillette Marine, un slogan bien troussé (la vague bleu marine !! En plein tsnuami, quelle élégance...) et , en tout petit, le nom du candidat FN local. Pas sa photo, juste son nom. Cela veut donc dire que le FN aurait pu présenter n'importe qui : Jean Tartempion, Donald Duck, Saddam Hussein (un grand ami de Jean Marie). L'électeur FN a donc eu l'impression de voter pour Marine, pas pour un candidat local. D'ailleurs si le FN s'intéressait à des élections locales pour leur côté "vie de la cité", cela se saurait ! On sait qu'au Parlement Européen, les élus FN font partie des champions de l'absentéisme. Dans les conseils régionaux, ils font généralement tapisserie, ne prennent aucune décision et attendent tranquillement que le mandat passe.
Ce vote n'est donc qu'un défouloir de plus. Les Français ne sont pas contents du président, ils lui font savoir. Les électeurs du FN qui avaient voté pour lui en 2007 sont déçu de sa mollesse sur certains dossiers et ils repartent au bercail. Les ouvriers, de plus en plus irrités par un PS qui ne les défend pas, continuent leur exode vers l'extrême droite.
Faut-il s'en inquiéter ? Bien évidemment oui, si l'on espère la ré-élection de Nicolas Sarkozy. Par contre, si on espère une victoire de la gauche, un bon score de Marine Le Pen est du pain béni. Le FN a permis à la gauche d'obtenir la majorité législative en 1997 ou la majorité régionale en 2004. Pas de raison de s'arrêter en si bon chemin.
Voilà pourquoi donner des consignes de vote à droite n'a pas de sens. François Fillon ferait mieux d'écouter le désarroi réel des électeurs de droite qui en ont marre qu'on les prenne pour des bobos et qui sont tentés par celle qui se dit être différente plutôt que de stigmatiser un vote sanction.
La droite n'a rien à gagner à frayer avec la gauche : l'échec de l'ouverture l'a montré. Nicolas Sarkozy a tenté de faire de la politique autrement et de rassembler largement, mais c'était sans compter sur le sectarisme de la gauche qui a aussitôt stigmatisé les "traitres" !! La droite ne peut pas gagner la bataille des médias puisque ceux-ci lui sont majoritairement hostiles. Par contre, l'opinion lui est favorable (on le voit avec la Libye) pour peu que le pouvoir en place montre qu'il applique sans se soucier du politiquement correct ses idées.
Car mine de rien, DVD + UMP + FN sont au delà des 50%. Ce pays reste à droite, quoiqu'en disent les socialistes. C'est plutôt cette vérité que devrait analyser Fillon.
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