![]() "Nous vivrons bientôt une époque où chacun aura le droit de dire ce qu'il pense, et ce sera sans problème, car alors tout le monde pensera la même chose" Andy Wahrol | ||
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C’est vrai, ce sont toujours les mêmes qui tirent la sonnette d’alarme : Lionnel Luca (Alpes-Maritimes) ; Bernard Debré (Paris) ; Jean-Paul Garraud (Gironde) ; Arlette Grosskost (Haut-Rhin) ; Gilles Bourdouleix (Maine-et-Loire) ;Marc Le Fur (Côtes-d’Amor) ; Philippe Meunier (Rhône), Christian Vanneste (Nord)… Sans doute parce que, bien élus et rétifs au caporalisme (ceci expliquant peut-être cela), ils estiment n’avoir de comptes à rendre qu’à leurs électeurs.
Qui peut nier, pour autant, leur représentativité ? Tous se sont engagés sans arrière-pensée derrière Nicolas Sarkozy en 2007 et aucun n’envisage de soutenir, demain, Dominique de Villepin ou François Bayrou… Et c’est sans doute pour cela qu’ils sont de si parfaits baromètres de l’opinion de droite qui, tous les sondages l’attestent, n’est pas (encore) au bord d’un changement de pied.
Mais, déjà, d’une furieuse envie de bouder les urnes en attendant de comprendre ce qui se passe dans la tête du président de la République.
Depuis 2007, les électeurs de droite auront tout vu et tout encaissé : l’élévation au rang de ministre de l’Identité nationale de l’homme qui, sous l’égide de Ségolène Royal, jugeait « déshonorantes » pour la France les propositions du candidat de l’UMP sur l’immigration ; l’enrôlement de Jack Lang – qui, en 1981, jugeait que la France passait enfin « de l’ombre à la lumière » – au service de la réforme de la Constitution ; le ralliement au président d’anciens ténors de la “Mitterrandie” comme Jacques Attali, Bernard Tapie ou Jacques Séguéla… Et même l’arrivée au gouvernement d’un certain “F. Mitterrand”, le neveu de François, objet, à peine nommé, d’un scandale mipersonnel, mi-littéraire…
Que n’ont-ils entendu, aussi, ces électeurs de droite ! Un président endossant la responsabilité de la taxe carbone inventée par Michel Rocard et paraissant subitement se rallier aux prophètes de la “décroissance” ; un gouvernement au grand complet prenant la défense de Daniel Cohn-Bendit lors de sa passe d’armes des élections européennes avec François Bayrou ; et même un porteparole de l’UMP expliquant, l’autre semaine, que la CGT a raison dans le conflit opposant Total aux syndicats, quelques jours après que Frédéric Mitterrand,encore lui, eut révélé, dans le Point, cette confidence de Nicolas Sarkozy : « Dans le fond, je crois que je n’ai jamais été de droite »…
Et tout cela pour quel résultat ? Une défaite, en mars 2008, aux municipales ; en 2010 un effondrement sans précédent des intentions de vote en faveur de l’UMP, malgré le léger rebond des européennes de 2009 ; et, en prime, une relance de l’ouverture quelques jours avant les régionales.
Et quelle relance, puisque l’arrivée de Michel Charasse au Conseil constitutionnel éclipse largement celle du socialiste Didier Migaud à la succession de Philippe Séguin comme premier président de la Cour des comptes.
En l’espace de quelques heures, les candidats de l’UMP aux régionales ont dû faire face à l’afflux de centaines de mails d’électeurs à la fois mécontents… et découragés par ce symbole.
Pas un seul, en effet, ne met en cause la compétence juridique de Charasse. Bien réelle, elle n’est d’ailleurs vraiment connue que de Nicolas Sarkozy. Et des vétérans de l’ancienne SFIO, qui se souviennent qu’il fut l’homme à tout faire de Gaston Defferre à l’Assemblée nationale, avant de devenir l’un des conseillers les plus roués de François Mitterrand en matière constitutionnelle lorsqu’il fallut déjouer les pièges de deux cohabitations.
Pour les militants de l’UMP (dont la conscience, comme dans tout parti, précède toujours celle des électeurs), Charasse évoque tout autre chose : la face sombre du mitterrandisme,vestale ultime de tous ses secrets ; le ministre socialiste du Budget qui n’hésitait pas à menacer ses adversaires d’utiliser contre eux l’arme fiscale, en assortissant ses pressions des injonctions les plus vulgaires (certains n’ont pas oublié la mésaventure de deux journalistes de la Cinq, prises à partie par ce même Charasse, le 12 octobre 1988) ; mais aussi le “laïc” pur et dur refusant par principe de mettre les pieds dans une église, fût-ce pour l’enterrement d’un douanier mort en service. C’était en février 1992 et le ministre du Budget d’alors s’était écrié : « Quatre-vingt-sept ans après la séparation de l’Église et de l’État,on m’obligerait à participer à une cérémonie religieuse ? » Il avait dit aussi : « Si un ministre doit être un ectoplasme, alors je ne suis pas fait pour être ministre… » (Valeurs actuelles du 24 février 1992.)
“À l’Assemblée, les socialistes nous toisent avec un petit sourire”
Était-il fait pour devenir conseiller constitutionnel ? Plusieurs mois avant de l’être officiellement, il se disait « intéressé » par le poste que Nicolas Sarkozy, confiait-il, lui avait proposé de longue date, poussant même le raffinement jusqu’à téléphoner à son président, Jean-Louis Debré, pour se renseigner sur les conditions de travail des membres de la haute juridiction…
« Le style, c’est l’homme », disait Buffon. Et comme la politique, c’est d’abord le symbole, comment s’étonner que celui-ci reste en travers de beaucoup de gorges ? Bon juriste, Michel Charasse l’est assurément. Mais n’y avait-il que lui pour juger de la validité constitutionnelle des lois votées par le Parlement ?
Interprète de beaucoup d’inquiétudes, le député UMP Lionnel Luca raconte : « Dans les couloirs de l’Assemblée, je croise des parlementaires de la majorité exaspérés, qui partagent mon sentiment. Mais aussi des socialistes ravis, qui nous toisent avec un petit sourire. On reconnaît leurs compétences et on les place en position de force. Pouvaient-ils rêver mieux ? »
Certes, Charasse, suspendu du PS en 2008, avait virtuellement rallié Nicolas Sarkozy l’année précédente. Sur Internet, témoin désormais inévitable de notre vie politique, une vidéo fait fureur montrant les embrassades de l’ancien spadassin de Mitterrand avec le candidat de l’UMP venu lui rendre visite en Auvergne pendant sa campagne présidentielle.
Mais peut-on en dire autant de Didier Migaud, dont l’impartialité personnelle ne fera sans doute l’objet d’aucun soupçon à la présidence de la Cour des comptes, mais dont rien n’indique qu’il a renoncé, pour autant, à ses convictions socialistes ?
D’où la colère d’un Lionnel Luca : « Pourquoi l’avoir nommé, lui, au détriment de personnalités reconnues pour leurs compétences et leur engagement, comme Gilles Carrez à l’UMP ou encore Charles de Courson au Nouveau Centre ? On leur a préféré un adversaire politique. Quitte à marquer une sorte de mépris pour ceux qui ont toujours défendu le président. »
Sa crainte, partagée par beaucoup de parlementaires de la majorité : la montée en flèche de l’abstention, à droite, ce poison qui, toujours, décide de l’issue des scrutins.
Et d’ajouter : «Aux yeux de beaucoup d’électeurs, notre message est devenu : ‘‘Votez pour nous, on nommera des personnalités de gauche.” Autant aller directement voter PS ! »
Une campagne sans concession sur le terrain… mais illisible à Paris
Pour sujets à caution que soient les sondages s’agissant d’une élection à la proportionnelle,ceux-ci sont unanimes sur un fait : l’union de tout ce qui n’est pas de gauche, du MPF de Philippe de Villiers jusqu’à La Gauche moderne de Jean-Marie Bockel,totalise moins en intentions de vote que le score de l’UMP et de ses alliés partis séparément au combat en 2004,pour se retrouver unis au second tour.
Par la faute de cette union au forceps que Charles Pasqua et Philippe Séguin qualifiaient déjà, bien avant la création de l’UMP, d’« union dans le rétrécissement », coupable, à leurs yeux, d’appauvrir l’offre politique à droite ? Ou par celle d’une ouverture à gauche qui finit par convaincre les électeurs de rester chez eux puisque “tout se vaut” ?
On comprend les difficultés d’un Xavier Bertrand à mobiliser ses troupes :d’un côté,une campagne de terrain offensive visant à démontrer que la droite et la gauche,ce n’est pas la même chose à la tête d’un exécutif local (via notamment, le fameux Livre noir des régions socialistes, dans lequel l’UMP pointe, année après année, les dérives budgétaires du PS là où il est aux affaires, c’est-à-dire presque partout) ; de l’autre, un parti pris de “décrispation” conduisant Nicolas Sarkozy à préférer la gauche à la droite, à compétences égales,pour occuper certains postes clés.
Président du groupe UMP de l’Assemblée nationale, Jean-François Copé se garde bien de prendre parti.Mais sa prudence en dit long quand il s’avoue dans l’incapacité de « qualifier de bonne ou de mauvaise nouvelle » les dernières nominations !
Son collègue Christian Vanneste n’a pas de ces pudeurs : « S’il faut avoir sa carte au PS pour obtenir des responsabilités dans la République, il fallait le dire ! »,s’insurgeait- il l’autre jeudi.
Car, au-delà des régionales et des cantonales de 2011, dernier scrutin avant l’élection présidentielle, chacun pense désormais à 2012. Et au langage à tenir à des électeurs auxquels il sera demandé de se mobiliser pour reconduire, à la fois, Nicolas Sarkozy et la majorité sortante.Là réside toute l’inquiétude des parlementaires de droite,qui n’ont pas oublié les trois ingrédients de 2007 : une UMP rassemblée comme un seul homme derrière son candidat ; un Front national à demi neutralisé car concurrencé sur le terrain de l’identité nationale ; et une minorité de gauche prête à “travailler plus pour gagner plus” afin de compenser la perte de pouvoir d’achat héritée des 35 heures.
En 2012,Nicolas Sarkozy sera-t-il en mesure de rassembler toute la droite ? Les électeurs du Front national se laisseront- ils circonvenir de la même façon ? Et, crise oblige, les 35 heures, non moins toxiques qu’en 2007 pour la compétitivité française, seront-elles toujours aussi impopulaires chez ceux qui redoutent désormais de ne plus travailler du tout ?
Pour l’emporter à nouveau, la droite devra faire preuve de clarté dans ses engagements. Et à tout le moins dans ses postures,incarnées par le choix des hommes.
(Albert a écrit plusieurs commentaire sur l'affaire Mitterrand. Je lui ai demandé de les mettre en ordre afin qu'il puisse en faire un article. Même si je ne suis pas d'accord à 100% - le fait que Mitterrand ait finalement condamné le tourisme sexuel excuse un tout petit peu sa faute - , je le publie ici sans en changer une virgule. A vous de commenter)
Mitterrand : le doute subsiste, la démission s’impose.(Par Albert le bâtard)
L'affaire Mitterrand est plus que troublante. Ce soir, suite à la polémique lancée par Marine Le Pen lors de l’émission Mots Croisés du lundi 5 octobre, le ministre de la Culture a pris la parole sur le plateau du journal de 20 heures du TF1.
Qu’a-t-on vu ? Un homme s’accrochant désespérément au pouvoir se défendant par un discours surréaliste. Il affirme qu’en Thaïlande, il n’a eu des relations qu’avec des hommes de son âge. Il a aussi avoué au cours de cette interview avoir participé au tourisme sexuel. Nous sommes bien d’accord sur une chose : sur un marché aux esclaves (sexuels) thaïlandais, on trouve très peu d’hommes et de femmes de l’âge de Mitterrand. Ce sont majoritairement des jeunes, qu’ils soient mineurs ou jeunes adultes. Certes, il doit y avoir des prostituées et des gigolos de 50 ans et plus, mais il est difficile de comprendre alors pourquoi M. Mitterrand s’est rendu en Asie pour profiter de ces ‘paradis pour pervers’. Lui qui écrit aimer la beauté des jeunes corps (ce qui n’implique pas la pédophilie, il faut en convenir : il peut très bien fréquenter des gigolos de 18 ans passés. Moralement, cela resterait répréhensible pour certains, mais pas d’un point de vue légal), pourquoi doit-il faire des milliers de kilomètres pour coucher avec des hommes de son âge, alors qu’il suffit d’ouvrir un journal de petites annonces pour faire n’importe quel type de rencontre en France ? Je ne condamne pas la prostitution. Je ne condamne pas les hommes et les femmes qui y ont eu recours. Mais je condamne ceux qui ont participé au tourisme sexuel : on sait tous qu’il s’agit de prostitué(e)s qui ont été vendu(e)s par leur famille, enlevés, ou bien qu’il s’agit de jeunes drogué(e)s paumé(e)s... Souvent ces personnes n’ont pas le choix : si on peut rencontrer des individus dans des situations analogues en France, il est certain que dans les pays du tiers monde les personnes qui se prostituent n’ont pas eu le choix.
Une autre chose est sidérante : M. Mitterrand ose affirmer que tous ses détracteurs font un amalgame entre homosexualité et pédophilie. Alors certes, pour le FN, la manœuvre est sûrement orientée en ce sens. Mais le problème c’est que les réactions sont venues de toute part : le FN a commencé, mais le PS a suivi, quelques personnes à l’UMP sont également inquiètes. Or le PS et l’UMP ne sont a priori pas des partis homophobes. C’est donc vraiment prendre les Français pour des veaux que de croire qu’ils ne savent pas faire la différence entre pédophilie et homosexualité. La tolérance envers l’homosexualité est nécessaire : l’homophobie est une forme de racisme, et c’est vrai qu’en France, l’homophobie se manifeste tous les jours. Mais on ne reproche pas à M. Mitterrand ses penchants sexuels : il pourrait être zoophile, on en a rien à faire. Cependant la pédophilie est un crime. Et la pédophilie ça ne concerne pas seulement les relations sexuelles entre un adulte et « des petits garçons » ou des « petites filles » : un homme de 30 ans qui a une relation avec une gamine de 14, 15, 16 ans est un pédophile. Or dans son interview, on croirait presque que M. Mitterrand affirme qu’il faut faire la différence selon que l’on soit plus ou moins proche de l’âge de la majorité. La pédophilie est un crime et son ouvrage est à la fois trop glauque et trop vague. Dans son interview, il invoque le fait qu’il y a ce que l’écrivain a écrit et ce que l’homme a fait. Certes, mais on jugera toute la valeur de cet argument au regard de ses autres propos : « Ce n'est ni un roman, ni des Mémoires. J'ai préféré laisser les choses dans le vague. C'est un récit, mais au fond, pour moi, c'est un tract : une manière de raconter une vie qui ressemble à la mienne, mais aussi à celles de beaucoup d'autres gens. » Ce flou ne cause-t-il pas un malaise en vous ?
Car à en croire M. Mitterrand, chaque année, des millions de Français se rendent en Thaïlande comme il a pu le faire à une époque de sa vie pour aller sur les marchés aux esclaves. Et on croit rêver quand il dit « Que vienne me jeter la première pierre celui qui n'a pas commis ce genre d'erreur. Parmi tous les gens qui nous regardent ce soir, quel est celui qui n'aurait pas commis ce genre d'erreur au moins une seule fois ? » Et bien M. Mitterrand, il est clair que vous vous trompez vraiment : non tous les Français n’ont pas recours aux services des prostituées, non tous les Français de 50 ans passés n’écrivent pas des ouvrages qui ne sont ni des fictions, ni des autobiographies (ça l’arrange bien de dire ça) où ils disent qu’ils ne peuvent résister à l’appel des jeunes corps disponibles immédiatement comme dans un Fast Sex ; et non M. Mitterrand, le système mêlant argent et sexe n’est pas celui des Français. Du moins, ce n’est pas celui des personnes ayant une certaine conscience.
Le doute doit bénéficier à l'accusé certes, mais quand on est ministre de la république, et qu'on écrit noir sur blanc aimer les marchés aux esclaves, ce n’est pas pareil que si l’on appartient seulement à la société civile. Sur le site du Monde, on peut trouver les pages qui dérangent : 14 sur les 360 du livre, moins de 10% de l'ouvrage, qui elles ne sont pas tronquées. On peut aisément imaginer la facilité d'instrumentaliser un passage aussi court pour causer du tort à son auteur, i ne faut pas le nier : mais parfois, il ne suffit que d'une phrase, d’un mot pour basculer dans l'inacceptable... En affirmant qu’on ne veut pas démêler ce qui est fictif de ce qui est réel, rester dans le flou, sur un sujet tel que celui-ci, les soupçons sont lourds. Souvenons nous d’Outreau : pour moins que ça, des innocents ont été emprisonnés. M. Mitterrand ne connaitra pas de procès pour cette affaire.
Un homme politique d’envergure, élégant et intelligent, intègre et honnête ne devrait-il pas démissionner ? Certains ont démissionné pour moins que ça, pour des faits qu’ils n’avaient pas commis, mais dont on s’était persuadé qu’ils étaient coupables.