La défaite de 2012, si elle est fait mal, doit impérativement faire l’objet d’analyse pour éviter que le cauchemar que nous allons endurer pendant 5 ans devienne éternelle !
Un départ en campagne trop tardif :
En ne démarrant qu’en février, soit 4 mois après les primaires socialistes et 1 mois après le meeting du Bourget, qui a vu un François Hollande bien plus agressif que prévu, Nicolas Sarkozy a pris un énorme risque, celui de rester jusqu’au bout dans la peau du challenger. On arguera que d’autres avant lui comme Mitterrand ou Chirac avaient choisi aussi cette option. Mais ils étaient en cohabitation et pouvaient facilement se défausser sur le bilan de leur Premier Ministre. Ils n’étaient pas les « sortants » et partageait ceci avec leur Premier Ministre. Nicolas Sarkozy étant jugé sur son bilan et sur sa personnalité, il était clair que laisser courir ses adversaires, c’était prendre le risque qu’ils prennent trop d’avance. Or qu’a fait Hollande ? Il a géré son avance, n’a pris aucun risque et s’est bien tenu de trop expliquer son programme. L’anti-sarkozysme suffisait à faire réagir les militants. De plus, Hollande a constamment devancé le Président. Ainsi la séquence des 75% ajoutée aux incidents de Bayonne (dont la responsabilité revient bel et bien au PS) ont détourné de l’attention médiatique l’entrée en campagne de Sarkozy.
Cela dit, cette stratégie aurait pu marcher, au moins pour le premier tour, puisque les courbes se sont croisées à la mi-mars et que Sarkozy est repassé devant Hollande. La séquence « Merah » a remis le président sur le devant de la scène et a obligé Hollande a calqué ses pas dans celui de son adversaire. Comme en 2007, c’est de nouveau le candidat Sarkozy qui faisait le course en tête et imposait son tempo. Mais il a fallu une énorme maladresse de Juppé (même si certaines rumeurs affirment que la gaffe était peut être intentionnelle) à propos de Bayrou, laissant entendre qu’il ferait un bon Premier Ministre pour que de nouveau les courbes s’inversent. Et on le sait, si l’on veut gagner, les courbes peuvent s’inverser une fois, jamais deux !!
Quand on voit l’étroitesse du résultat (1,2 millions de voix d’écart), on peut se demander si un départ plus rapide, dès janvier, avant même le meeting de Hollande, n’aurait pas été plus porteur. La stratégie « à droite toute » était la bonne et elle aurait eu plus d’efficacité si elle avait démarré plus tôt. De plus, il aurait fallu que Sarkozy tienne d’une main de fer son équipe pour éviter les couacs qui étaient forcément exagérés par les médias. Un contre exemple au hasard : le cafouillage de Hollande sur le quotient familial n’a été que peu relayé par les médias.
C’est donc une erreur fondamentale, la plus importante qui vient de coûter l’élection. Mais ce n’est pas la seule explication.
Des médias complaisants envers la gauche.
Depuis 5 ans, la gauche veut faire croire que Nicolas Sarkozy tient les médias. C’est évidemment un mensonge éhonté, mais répété en boucle, le gogo peut y croire. Ce qui est sûr, c’est que dès la primaire socialiste, il était clair que le temps de parole ne serait pas respecté et que les grands médias ne favoriseraient pas de la même façon les deux candidats principaux. Ainsi, les attaque les plus violentes envers Sarkozy sont venues de Libé, Marianne, L’Humanité ou Le nouvel Observateur, des journaux qui affichaient sans honte leur soutien à la gauche et à Hollande. Ce n’est évidemment pas interdit. Mais on aurait aimé que la presse de droite, déjà minoritaire, soit un peu plus combative. Même le Figaro s’est montré incroyablement courtois et seuls les bloc notes de Ivan Rioufol ou les éditos de Yves Thréard ont ancré le journal dans son soutien à Nicolas Sarkozy. C’était trop peu, mais c’était déjà trop pour Hollande qui a refusé de répondre aux interviews du Figaro. Là aussi, qui en a parlé dans la presse soi-disant tenue par Sarkozy ?
Les chaînes d’informations et les chaînes généralistes n’ont pas été en reste. Vu de l’étranger, le traitement de cette campagne était clairement en faveur du candidat Hollande. Toutes les questions qui fâchent (Guérini, Banon, Rose Mafia, Caton…) ont été totalement éludées par la presse. Le bilan médiocre à la tête de la Corèze n’a jamais été évoqué ni sa gestion calamiteuse du PS pendant 10 ans. Hollande a été épargnée de toutes questions qui fâchent, de tout ce qui pouvait écorner sa « stature ». Alors que les rumeurs les plus folles ont circulé sur Sarkozy, le dernier coup étant le soi-disant chèque libyen de 50 millions d’euros, information donnée par Médiapart, un site qui n’informe pas mais qui fait de la propagande pure et dure. « Diffamez, diffamez, il en restera toujours quelque chose », jamais cet adage ne s’est révélé aussi vrai.
D’autant que le traitement indigne de cette campagne suivait 5 années où rien n’a été épargné au président, ni les attaques sur le physique (il sera d’ailleurs intéressant de voir comment Hollande sera traité, sa taille étant à peu près la même que Sarkozy), sur ses origines hongroises, sur sa vie privée… Les humoristes s’en sont donnés à cœur joie, l’insultant sans retenue parfois. La quasi totalité des médias, tout comme la gauche, n’a jamais accepté qu’un avocat puisse devenir Président des Français. Dès le premier soir, le dîner au Fouquet’s a été monté en épingle et a donné le « la » pour toute la présidence. On a bouffé de l’anti-sarkozysme matin, midi et soir. Qu’est ce que cela aurait été si les médias n’étaient pas tenus par Sarko ?
Quoi qu’il en soit, cet acharnement a payé, même si certaines attitudes du Président ont choqué (le fameux « Casse toi, pauvre con ») et s’il a commis pas mal d’erreurs, surtout en début de mandat. Mais Sarkozy a surtout payé le fait d’avoir voulu être un Président efficace et au charbon, au lieu d’être un monarque distant. Il a oublié que les Français sont restés royalistes.
Une ouverture mal digérée, un parti qui rechigne.
Il est assez incompréhensible que l’ouverture soit devenue, au final, une épine dans le pied de Sarkozy. Alors que la droite traîne toujours une image sectaire bien entretenue par la gauche et ses sbires médiatiques, il est paradoxal de voir que c’est un homme que le MJS qualifiait de Nicolas Le Pen qui a tenté de faire un gouvernement tendant vers l’union nationale. Or, une partie de l’UMP, déçu de ne pas goûter au gâteau, a clairement manifesté sa grogne. Les électeurs du Front National n’ont pas compris cette ouverture non plus. Enfin, la gauche, plutôt que de se réjouir qu’on lui reconnaisse des talents, a préféré parlé de social-traitres !! Il est amusant cependant de voir que certains symboles de l’ouverture sont redevenus des gens biens à partir du moment où ils ont dit vouloir voter Hollande.
Quand au parti présidentiel, l’UMP, on peut là aussi dire qu’il a singulièrement manqué de conviction et de soutien à Nicolas Sarkozy. Si François Fillon est resté fidèle jusqu’au bout, d’autres ténors, les yeux rivés sur 2017 n’ont pas vraiment joué le jeu et ont sabordé la ré-election. Alors que Hollande avait réussi à mettre son pas y compris ses rivaux de la primaire, une certaine cacophonie à droite, montée en épingle par les médias a déconcerté l’électorat de droite. Quand aux soutiens à minima de certains ex-poids lourds de la majorité comme Jean Louis Borloo, on est en droit de se poser des questions ?
La trahison de Bayrou, les manoeuvres de Le Pen
François Bayrou a clairement trahi son camp et son pays en disant qu’il allait voter Hollande. La « course à l’extrême droite » n’était qu’un prétexte et , pétri de haine depuis 5 ans, déçu de n’être arrivé qu’en 5e position, le Béarnais n’a pas hésité à franchir un Rubicon bien amère. Et pour quel résultat ? le centre est en ruine, le PS n’a même pas la concurrence du ventre et lui oppose un candidat et surtout, Hollande, dont il a critiqué à juste titre le programme délirant est au pouvoir !!
Quand à Marine Le Pen, je ne reviens pas sur son calcul hasardeux. Pour peu que la droite classique s’obstine dans son refus d’alliance et qu’elle continue à insulter l’UMP, non seulement elle n’aura aucun député, mais elle permettra à la gauche de gagner les législatives, comme son père le fit en 1997. On connaît la suite. Son appel à voter blanc a été bien entendu et les déclarations de Juppé ou de Kosisco-Morizet ont clairement refroidi les électeurs FN. De plus, un certain nombre de contre-vérités sur la politique d’immigration de Sarkozy ont fait oublié la loi sur la burka, les expulsion, la lutte contre l’islamisme en France. A ce jeu, Marine Le Pen a sciemment fait le jeu de la gauche et a aidé à mettre au pouvoir un homme qui veut donner le vote aux étrangers. Quand on sait que 93% des musulmans ont voté Hollande, on peut quand même s’étonner de cette politique du pire !!
Une crise sans précédent
Durant la campagne, 9 candidats sur 10 ont oublié qu’une crise frappe le monde depuis 2008. Certains l’ont totalement minimisé, d’autres estimaient qu’elle n’était en rien une excuse, les derniers pensaient que, de toutes façons, cela n’était pas à eux de la payer mais à ces salauds de riches et de patrons. Mais alors que dans les autres pays, les gouvernants ont été balayés, mine de rien, Sarkozy a résisté. Car avec 48,4%, il échoue finalement d’assez peu. Les Français vont vite se rendre compte que l’ex-président les a mieux protégé qu’en Espagne, en Italie ou en Grèce. Les fonctionnaires qui, dans un réflexe à la Pavlof, ont voté en masse Hollande, oublie que dans d’autres pays leur traitement a été baissé de plus de 25%, que les retraites ne sont plus garanties…
Mais de cela, le bon peuple de France n’en a cure. Son inculture économique l’empêche de voir des vérités évidentes. Il va vite comprendre qu’Hollande les entraînera dans le mur et, comme un enfant gâté qui pleure une fois qu’il vient de se rendre compte qu’il a cassé son jouet par colère, viendra donc le temps du regret. Mais il sera trop tard.
Car , on a encore du mal à s’y faire. Mais ce sont 5 longues années qui commencent ! 5 ans où la gauche aura désormais tout pouvoir, où les médias seront d’une complaisance rare (le reportage de France 2 jeudi soir sur la campagne de Hollande était un modèle de révisionnisme) et ou la droite risque de se déchirer encore et toujours. En clair, si 2017 s’annonçait possible avec un deuxième mandat Sarkozy, la perspective d’une gauche au pouvoir pour longtemps est désormais très crédible ! Car les réformes sociétales que veut faire passer Hollande vont bel et bien ancrer le pays à gauche. Et pour un bail. C’est à cela que devrait réfléchir les apprentis sorciers qui , à droite, se sont aussi lancés dans le « Tout sauf Sarkozy ».